Productions végétales
Dernière mise à jour le 31 janvier 2025
Le changement climatique impacte directement les activités agricoles : avec des épisodes intenses (sécheresse, pluie diluvienne, tempête), les cultures sont mises à rude épreuve. Nos conseillers vous aident à y voir plus clair sur les leviers que vous pouvez mobiliser pour être plus résilient.
D'abord, posons le contexte : la SAU moyenne d’une exploitation de Limagne est de 64 ha en 2020, avec 60 % des terres en cultures.
Le blé reste la culture majoritaire avec 48% des surfaces de cultures, on retrouve ensuite le maïs grain 16%, le tournesol 10% et le maïs semence 8%.
Côté irrigation, c'est 15% des terres qui sont irriguées (dont 83% pour les céréales d’hiver et le maïs : 1ha/7 de céréales et 1ha/3 de maïs sont irrigués).
Sur la station de Clermont-Ferrand, on observe depuis les années 1990 :
En comparant l’horizon 1990 à l’horizon 2050, on observe pour Clermont-Ferrand* :
* Simulations réalisées en comparant la période 1976-2005 à la période 2035-2064 en utilisant les données de projections climatiques du GIEC (Modèle
Aladin 63 et scénario RCP 4.5) pour la station de Clermont-Ferrand
Sur les céréales à paille d’hiver, répartir la surface entre 4-6 variétés permet de diluer les risques: des variétés plus précoces pour limiter le stress hydrique et thermique de fin de cycle dans les parcelles exposées, le retard de la date de semis pour limiter le risque lié aux insectes et le risque de gel à montaison.
Pour le maïs, même si la date de semis est avancée et des variétés plus précoces choisies, l’esquive du stress hydrique et thermique autour de la floraison n’est pas assurée. Plusieurs stratégies sont combinables en maïs: variété plus tardive en maïs irrigué pour gagner en potentiel, variétés plus précoces en contexte hydrique limité avec une récolte plus tôt et/ou sans frais de séchage.
Pour le colza, afin d’assurer l’implantation, la période favorable (fréquence de pluies et évitement des insectes) s’avance avant le 15 août.
Pour le tournesol, la réduction les cycles peut être une opportunité pour le choix de variétés plus tardives sur sols profonds ou pour cultiver du tournesol en dérobée, l’irrigation (peu utilisée jusqu’alors) devient un levier pour sécuriser le potentiel avec des faibles volumes d’eau.
Le réservoir utile représente l’eau que le sol peut contenir et restituer aux racines.
Les TCS, et donc l’arrêt du labour, sont efficaces pour améliorer l’infiltration d’eau et limiter l’érosion des sols (grâce aux couverts et au semis direct). Attention cependant, ces changements nécessitent de diversifier fortement son système pour limiter le salissement des parcelles, ainsi qu’une appropriation des techniques et du matériel. Cela demande parfois plusieurs années d’essais, de visites, d’échanges et de conseils pour y parvenir !
« Aujourd’hui on voit se distinguer deux systèmes : la rotation économique et la rotation climatique.
Sur les sols profonds et irrigués, continuez à produire vos cultures les plus rentables, le changement de culture n’est pas forcément pertinent. L’amélioration de pratiques visera surtout la préservation de la réserve hydrique du sol. C’est sur vos parcelles où le résultat ne permettra pas de couvrir vos charges (de structure et d’intrants) qu’il faut faire évoluer vos pratiques. Face aux dérèglements climatiques et comme aucune année ne se ressemble, il faut diversifier vos cultures et vos variétés. En plus de répartir les risques climatiques, cela a pour effet aussi de préserver votre sol, limiter l’achat d’intrants et la charge de travail dans les champs. Pour être résilient, il est impératif de ne pas mettre tous vos oeufs dans le même panier ! »
« Avant nous avions une tête de rotation + 3 pailles (2 blés, 1 orge). Les céréales servaient à nourrir nos porcs et nous étions auto-suffisants voire excédentaires. Ça nécessitait qu’on gratte tout le temps le sol, c’était beaucoup de travail : si tu n’as pas de rotation tu dois travailler ton sol, c’est inévitable. À l’époque de mon grand-père, de mon père, on avait des rendements plutôt bons et une bonne fertilité des sols. Mais depuis quelques années, la tendance s’est inversée: on constatait une érosion de plus en plus importante de nos terrains et des rendements de moins en moins bons, si ajoute à cela, les épisodes de sécheresse, on allait droit dans le mur...
En 2002 mon père a décidé d’acheter un semoir en semis-direct. Mais avec une rotation de 3 pailles, on a été obligé de faire du TCS (Techniques Culturales Simplifiées), le semis-direct ne marchait pas. On a vu nos rendements chuter de 20 à 30 %, on était envahi par le raygrass et le brome. On a donc ressorti la charrue et on est reparti comme à l’ancienne...
On a eu l’opportunité de reprendre 60 ha supplémentaires, ça nous a permis de revoir complètement notre rotation. Aujourd’hui on a 3 voir 4 rotations différentessur la ferme. Avec notre conseiller Chambre on passe chaque année 1/2 journée à organiser notre système de cultures. On a une rotation sur les terres irrigables, une rotation différente sur les parcelles à bons potentiels autour de la ferme, et une rotation encore différente sur les parcelles que nous venons de reprendre, un peu plus éloignées. Sur les parcelles à potentiel on se permet de faire du maïs non irrigué. On a un enchaînement de culture réfléchi, on cherche à faire de notre précédent un atout pour notre culture d’après, notamment dans la gestion des résidus.
Avant on apportait notre lisier au printemps sur les blés quand ils ont faim, ça fonctionnait bien mais avec l’évolution de notre bâtiment porcins on est sur du compost de fumier de porcs, c’est une gestion complètement différente, on est sur un engrais de fond pour nourrir le sol. On réapprend à travailler tout doucement, et tous les ans on se demande ce qu’on va pouvoir faire différemment pour faire mieux l’année suivante. »
La journée a regroupé plus de 80 participants et a été rythmée par une succession d’interventions et des ateliers pratiques.
Le contenu présenté ici reprend une partie des informations partagées par les collaborateurs Chambre d’agriculture, Arvalis, Terres Inovia et Limagrain.
Revivez cette journée en vidéo.
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Yoann GINESTIERE
Conseiller agronomie - grandes cultures